tu veux ou tu veux pas

mercredi 17 octobre 2012

C'était hier


Certains jours, tout va de travers.

7h30, j'avais déjà du mal à me lever, en me disant que cinq petites minutes de plus ne seraient pas un drame, mais les yeux fermés au chaud dans un lit, on ne peut évidemment pas prendre conscience du temps. 

8h, mes yeux se sont ouverts de force, comme windows à qui on demande de s'allumer même s'il n'en a pas le loisir, mais comme des volets électriques drôlement bien huilés. Je soupçonne mon cerveau pour ce coup là, une sacrée horloge suisse.

9h, je vais prendre le RER. Il fait froid, j'ai derrière la cornée et les yeux à moitié ouverts l'intention de piquer un somme dans la rame. Mais le thermos amoureusement préparé  cinq minutes avant m'attend au chaud... chez moi. Les pannes de courant, ça n'arrive évidement jamais quand on le souhaite, alors j'attend, la gorge sèche, trop peu réveillée pour râler ouvertement et redescendre de rage l'escalator dans le sens contraire. 

9h19. Apparemment des petits malins on cru inoffensif de jouer avec le signal d'alarme pendant des plombes. La speakerine au micro, ça ne la fait pas rigoler par contre. Et ça, c'est toute les stations de la zone qui en pâtissent. Evidemment moi je prend l'itinéraire level 3 dans Indiana Jones, celui qui te fait perdre la boule à une boussole, qui t'emmène là où toi même tu n'aurais jamais cru aller un jour. Mais en trois fois, parce que c'est mieux. 
Et paf les hommes en bleu sombre se ramènent et bloquent de leur légitime pouvoir les sorties et entrées de ce bus hors de prix. J'ai pas de monnaie comme d'habitude, j'aurai aimé en avoir rien que pour acheter un petit paquet de bonbons au miel que ce pauvre "gens du cirque" (selon ses termes) vend pour pouvoir payer des vaccins à ses chevaux. 
Ces clowns se croient tout permis, à bloquer toute une carriole parce qu'ils ont fait la prise du jour. Au moins certains passagers expriment tout haut ce que je pense tout bas. Je compatis, moi aussi j'avais "égaré" mon billet l'autre jour. Le chauffeur lâche l'affaire quand je lui présente mon billet de 10. Il a pas commencé sa journée qu'il est déjà en retard. Tant pis, ou plutôt tant mieux, "allez-y pour cette fois".

11h08 (2h pour faire 8km). Il y a certains lieux où inévitablement on doit attendre et on s'y prépare même psychologiquement longtemps à l'avance. C'était peut être ça le coup du réveil difficile. Mais surprise, quelqu'un d'efficace, de peu borné de pratiquement aimable!  Les autres qui font la queue me regardent de rage. L'administration française a décidément son lot de mystères. Quand je vous dit que cette journée tourne à l'envers.

12h28. Un ticket, ça ne va pas toujours jusqu'au bout du monde, et je prépare une stratégie de diversion pour sortir (au secours!) de cet enfers de rails et de fils électriques. Heureusement il y a pas mal de gens qui se contrefichent des tourniquets casse-gueule, et je les suit volontiers.
Ça, c'est pour un bac à litière (charmant but dans la vie), et un colis que des gens qui sont payés pour faire leur métier qu'ils ne font pas ont déposé je ne sais où. Bien évidemment que ça n'est pas le bon endroit, d'ailleurs, personne ne sait où est le bon endroit, et ce n'est pas la voix robotisée de la hotline qui me le dira (d'ailleurs il va falloir penser à donner un autre nom à ces lignes de service, les voix sont raides comme des portes de prison). Bonne parade au flot d'insultes auquel les gens doivent penser très très fort quotidiennement. A coup d'incapables, de j'en étais sûre, de bons à riens, de je me fais une raison, je repars chercher mon bac, et même la tablette dorée et reluisante au chocolat qui me fait de l'oeil ne convainc pas ma cervelle de faire le mouvement  fatidique: la mettre dans le panier, du moins le bac à litière.
En redescendant six pieds sous terre, encore une observation rageuse et triste de la condition sociale, qui poussent certains, honte à eux (honte à qui en vérité?), à faire mendier leur progéniture.

14h. Un bol de soupe ultra épicé et pâtes entortillées à goût de plastique font l'affaire, le courage n'est plus là, c'est justifié. Mais le chat, lui, ça ne lui suffit pas d'avoir le nez sur la table, il faut qu'il bondisse avec ferveur sur le bol brûlant. Alors ça fini à la douche froide avec en tête un semblant de prière "pitié, pas le vétérinaire".

16h. Encore un bus remplit de marmots taille xxl (nourris aux ogm, cqfd) qui semblent avoir envie que l'on connaisse leur vie, si palpitante soit-elle. "Vas-y y sort avec elle la honte". 
Ça  c'est pour le soit disant colis. Je descend du bus, fière et libérée d'avoir atterri sur le point de chute visé. Mais même à 360° je ne vois rien qui ressemble à un quelconque symbole  jauni, ou de forme arrondie censée rassurer les pauvres clients-malgré-eux parce que même si ça les fait chier ils ont pas le choix, sous menace qu'on garder leur courrier. Le monde moderne dans lequel on vit ne me permet pas de venir flanquer en personne une torgnolle au facteur qui n'a pas fait l'effort d'un pas à travers la résidence pour trouver une boite au lettre accueillante avec un nom dessus. Evidemment, pour se plaindre, il faut envoyer un formulaire, avec des petites cases qui ne pensent pas que toi, pas le temps et pas concentré(e); tu t'empresses de remplir grossièrement. Enfin ça, c'est quand j'aurai le temps.
Je ressort en jurant et soufflant, comme d'habitude, mais ça c'est un passage dans une journée tout à fait normale. Je ne me suis pas dit "tiens, tu vas rentrer chez toi à pied, le soleil te tape dans la rétine juste en face, t'empêchant d'avancer comme une personne normalement constituée et te faisant prier qu'il ne t'arrive pas quelque chose de pire bien que tu t'y attende. Et puis tu vas économiser un ticket". Oui parce que dans la banlieue parisienne, les bus ils font l'aller, mais ils ne s'arrêtent nulle part en sens inverse, et ça, je ne l'avais pas prévu.

16h38. Le colis valait la peine. Je suis prête à me rendormir, le chat échaudé sur les genoux. La seule chose qui a tourné rond aujourd'hui, c'est que j'ai pensé à l'écrire.


      

3 commentaires:

  1. et un texte qui replace bien le contexte de ta journée. :)

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  2. Hihihihih !!!! Prendre du recul,le vrai humour! j'adore ! et une p'tite pensée aussi pour le chat !

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